jeudi 4 avril 2013

MENACE NORD-COREENNE

Pyongyang menace les Etats-Unis de frappes nucléaires, Ban «préoccupé»

La Corée du Nord a franchi un énième palier dans sa politique de confrontation en annonçant jeudi avoir approuvé le projet d’opérations militaires contre les Etats-Unis, y compris d’éventuelles frappes nucléaires, ce qui a suscité les réactions inquiètes de l’ONU et de nombreuses chancelleries à l’étranger.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s’est ainsi dit «profondément préoccupé» par la surenchère rhétorique de Pyongyang qui multiplie les violations des résolutions votées par le Conseil de sécurité depuis un premier essai nucléaire en 2006.
Dans un communiqué cité par l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA, l’état-major général de l’armée nord-coréenne a déclaré informer officiellement Washington que les Américains seront «écrasés» par des «moyens de frappe nucléaire».
«L’opération impitoyable» des forces nord-coréennes «a été définitivement examinée et ratifiée», affirme l’armée, selon laquelle une guerre pourrait éclater «aujourd’hui ou demain».
«Les Etats-Unis feraient mieux de réfléchir sur la grave situation actuelle», ajoute-t-elle, jugeant que les vols de bombardiers B-52 et B-2 américains au-dessus de la Corée du Sud, à l’occasion de manoeuvres communes américano-sud-coréennes, étaient à l’origine de l’aggravation de la crise.
«Nous avons vu aujourd’hui une nouvelle déclaration de la Corée du Nord, qui brandit encore une fois une menace non constructive», a réagi la porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Caitlin Hayden, parlant d'«une nouvelle déclaration provocante qui isole encore un peu plus la Corée du Nord du reste de la communauté internationale».
Peu avant cette annonce de l’armée nord-coréenne, diffusée mercredi après-midi aux Etats-Unis, le Pentagone avait fait état de l’envoi d’une batterie antimissile THAAD sur Guam (dans le Pacifique), d’où décollent les B-52 qui ont survolé la Corée du Sud.
Ce déploiement s’ajoute à celui de deux destroyers antimissile américains dans le Pacifique occidental.
Pour le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, qui s’est entretenu avec son homologue chinois Chang Wanquan, les provocations de Pyongyang créent un «grave et réel danger».
Un missile de moyenne portée sur la côte est de la Corée du Nord
Toujours jeudi, le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Kwan-Jin, a annoncé que la Corée du Nord avait installé un missile de moyenne portée sur sa côte est, admettant toutefois ne pas savoir si cet engin était ou non armé.
Devant la commission de la Défense du Parlement à Séoul, Kim Kwan-Jin a ajouté que ce missile était susceptible de parcourir «une distance considérable», mais pas au point d’atteindre la partie continentale du territoire des Etats-Unis.
«Il pourrait être destiné à un tir d’essai ou à des manoeuvres militaires», a, prudemment, poursuivi le ministre.
Il s’agit d’un missile Musudan, pour la première fois apparu publiquement à l’occasion d’un défilé militaire en octobre 2010 et qui aurait une portée théorique de 3.000 kilomètres, soit la capacité d’atteindre la Corée du Sud ou le Japon.
On ignorait si cet engin avait déjà subi des essais par le passé.
Des sources militaires citées par l’agence sud-coréenne de presse Yonhap disent que le Nord pourrait tirer un missile le 15 avril, date-anniversaire de la naissance du fondateur du régime communiste nord-coréen, Kim Il-Sung, mort en 1994.
Cependant, malgré l’essai considéré comme réussi d’un tir de missile en décembre, la Corée du Nord n’est pas considérée comme étant pour le moment capable de frapper directement la partie continentale du territoire des Etats-Unis. Mais Pyongyang a menacé de s’en prendre à Guam et à Hawaï et est en mesure d’atteindre la Corée du Sud et le Japon où sont respectivement déployés 28.500 et 50.000 militaires américains.
La Russie a jugé «totalement inacceptable» «le non-respect par Pyongyang des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU» et la Chine, seul allié de poids de la Corée du Nord, a demandé à «toutes les parties concernées de garder leur calme et de faire preuve de retenue».
Berlin et Paris ont exhorté Pékin à tenter d’amadouer le régime de Kim Jong-Un, la France souhaitant que les Chinois, qui ont «du pouvoir sur la Corée du Nord», interviennent dans la crise.
L’Union européenne a appelé Pyongyang jeudi à ne pas «alimenter les tensions» et à renoncer à faire redémarrer son réacteur nucléaire de la centrale de Yongbyon.
«Ce serait une claire violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, de même que de ses engagements, pris en 2007 dans le cadre des pourparlers à Six, de fermer ces installations».
Ban Ki-moon a par ailleurs demandé une levée rapide des mesures prises contre les travailleurs sud-coréens sur le site industriel intercoréen de Kaesong, en territoire nord-coréen.
Le régime de Pyongyang a en effet empêché jeudi, pour la deuxième journée consécutive, des centaines d’employés sud-coréens de se rendre à Kaesong où plusieurs centaines d’entre eux travaillent pour 123 entreprises sud-coréennes.
Pyongyang a même menacé de retirer ses 53.000 ouvriers du site, «si les marionnettes sud-coréennes et les médias conservateurs continuent à (nous) dénigrer».
Précieuse source de devises étrangères dont la Corée du Nord a grand besoin, le complexe de Kaesong est toujours resté ouvert depuis sa création en 2004, malgré les crises répétées sur la péninsule, à l’exception d’une seule journée, en 2009. Pyongyang en avait bloqué l’accès pour protester contre des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes.

 

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