mardi 25 juin 2013

ACTU ' INFO

A Lyon 2, les sportifs de haut niveau sont dorlotés

Armel Ahidazan est étudiant à l'Université Lyon 2 et joueur de football américain.

Si les footballeurs désertent les bancs de la faculté et plus largement les études supérieures, certains sportifs, moins médiatisés et moins sereins financièrement, ont tout intérêt à assurer leurs arrières pendant leur carrière. Aussi, la faculté de droit et d'administration économique et sociale (AES) de l'université Lyon 2 propose-t-elle depuis la rentrée 2012 un dispositif particulier destiné aux sportifs de haut niveau. Un suivi personnalisé qui est appelé à s'étendre à toutes les antennes de la faculté lyonnaise.

C'est une initiative personnelle qui est à l'origine de ce projet novateur. Peggy Hugon, responsable de la licence AES de Lyon 2, en est la tête pensante. "Nous avions une demande des clubs qui souhaitaient avoir un interlocuteur et nous voulions obtenir une meilleure réussite de ces sportifs. La solution me semblait résider dans un suivi actif", explique-t-elle. Le dispositif est fondé sur un dialogue entre le responsable pédagogique de la faculté, le bureau universitaire des sports et le club. "Le suivi est hebdomadaire au sein de la filière, mensuel avec le club et le bureau des sports et également semestriel lors de bilan qui réunissent tous les acteurs", ajoute l'enseignante.
Des solutions concrètes permettent un aménagement de la scolarité : la gestion des problèmes administratifs, tels qu'une inscription tardive, une vérification de la compatibilité des emplois du temps, l'instauration d'un rendez-vous d'une heure entre l'étudiant sportif et son responsable pédagogique et enfin la mise en place d'objectifs à tenir en termes de résultats afin d'éviter les décrochages.
UNE DEMANDE VENANT DU SPORTIF
Un premier bilan du dispositif met en lumière certaines difficultés en première année de licence d'administration économique et sociale, notamment dans les liens avec d'autres facultés, qui sont obligatoires selon les options choisies par l'étudiant. "Il est plus compliqué d'aller voir les collègues au cas par cas", raconte Peggy Hugon, dont l'ambition est désormais d'étendre le dispositif aux autres facultés de l'université Lyon 2. Les difficultés ne viennent pas uniquement du côté universitaire mais aussi parfois du domaine sportif. "Certains clubs sont moins investis. Nous avons parfois des soucis de changement d'emploi du temps", regrette Peggy Hugon.
Sept jeunes sportifs du Lyon olympique universitaire (LOU) rugby, de l'Association sportive universitaire lyonnaise (ASUL) volley ou encore des Black Panthers de Thonon-les-Bains, football américain, ont été les précurseurs du dispositif. Les clubs de la région savent désormais qu'une personne relais existe à Lyon 2. Au LOU, dont plusieurs jeunes rugbymen ont intégré le dispositif cette année, on considère que les études supérieures de ces sportifs sont primordiales. "Quatre-vingt-dix pour cent de nos joueurs effectuent une formation post bac. C'est un équilibre de vie de faire les deux. Contrairement à la logique comptable du foot, au rugby, on ne signe pro qu'à 22 ans. Cela protège les jeunes et les oblige à faire des études", analyse Stéphane Véré, directeur du centre de formation du club lyonnais de rugby. Un exemple frappant se trouve d'ailleurs en équipe première. Romain Loursac, arrière, est également en sixième année de médecine. "Plusieurs joueurs pro ont également été diplômés d'IUT. Si l'on parvient à trouver ce qui les motive à côté du sport, c'est souvent une réussite et cela devient une vraie fierté", défend-il.
L'OL ET L'ASVEL DANS LE VISEUR
Quentin, 19 ans, a signé un contrat d'aspirant professionnel à l'ASUL volley. Il a intégré en septembre l'université Lyon 2 après une tentative ratée d'études supérieures. "J'étais en IUT, mais je manquais les cours et c'était impossible à récupérer. On m'a parlé de Lyon 2 et je suis content pour le moment", dit le jeune homme au physique impressionnant. Lui qui évolue au poste de central est conscient de pratiquer un sport qui facilite les études : "Le fait que la pression soit moindre en volley rend plus facile pour les clubs de laisser leurs joueurs faire des études."
A 20 ans, Armel est lui un des joueurs des Black Panthers de Thonon-les-Bains, une des meilleurs équipes françaises de football américain. Inscrit en deuxième année universitaire à Toulon, où se situe un pôle espoir, il a entendu parler par son référent de l'initiative lyonnaise. "Cela m'a évité de perdre une année, puisque j'ai obtenu l'autorisation de m'inscrire en décembre 2012. A Toulon, je n'avais aucun suivi", se félicite-t-il.
Désormais, le désir de Peggy Hugon est d'arriver à convaincre les deux géants sportifs de l'agglomération lyonnaise de proposer ce dispositif à leurs jeunes pousses. "Des discussions ont été engagées avec l'OL et l'Asvel [Association sportive Villeurbanne éveil lyonnais, basket-ball], mais c'est toujours plus délicat avec les gros clubs. J'aimerais en tout cas pouvoir au moins présenter les possibilités que nous offrons lors d'une réunion d'information", déclare-t-elle. Le dernier footballeur de l'Olympique lyonnais à avoir fréquenté les bancs de Lyon 2 se nomme Romarin Billong. Il a été professionnel à Gerland... de 1989 à 1995.

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